Au Québec comme en Afrique subsaharienne francophone, la prise d'écriture tardive des femmes a constitué un événement subversif dans leurs champs littéraires, jusque-là dominés par les hommes. Du statut d' objet , ces femmes sont passées à celui de sujet . Mais comment appréhender ce sujet féminin vu la complexité de cette notion même de Sujet ( du discours ) définie, en études littéraires, aussi bien par sa nature (mâle/femelle, etc.) que par sa fonction (énonciation, narration, action, etc.) ou par les deux à la fois (Sujet de la passion Sujet social: féminin ou féministe, etc.)? Existe-t-il des liens entre la configuration de ces Sujets du discours dans le roman et les formes littéraires privilégiées par les auteures?
Cette thèse propose une analyse socio-sémiotique comparée des Sujets du discours, manifestes dans un corpus de douze romans d'écnvaines québécoises (A. Hébert, G. Roy, N. Brossard, F. Théoret, Y. Villemaire, F. Noël) et subsahariennes (M. Bâ, A. Sow Fall, W. Lilcing, C. Beyala, K. Bugul, T. Boni), dans le but de caractériser leurs pratiques scripturaires et de déterminer la pertinence ou non d'une spécificité purement féminine de l'écriture. Cette démarche, motivée par le caractère polysémique de la notion de Sujet du discours, comprend trois volets qui incluent des catégories du Sujet empruntées à diverses méthodes critiques: (1) le sémiotique (le narratif et l' énonciatif , l' actantiel et le passionnel ), (2) le social (société du roman, discours hégémonique, contre-discours féministe ou non) et (3) le poétique (lien entre les Sujets du discours et l'écriture au féminin).