Cette recherche a pour but de mieux connaître les pratiques de groupe avec les femmes camerounaises telles qu'exercées dans le cadre de la politique de l'intégration des femmes au développement. Elle vise à décrire dans une perspective d'intervention sociale, les pratiques de groupe telles qu'expérimentées par les animatrices, les facteurs d'influence, les difficultés qu'elles rencontrent en situation d'intervention. Cette étude s'intéresse aussi à la vision des participantes concernant les facteurs qu'elles jugent aidants dans les groupes.
Les théories nord-américaines de pratique de groupe ont servi de cadre d'analyse. La méthodologie s'inscrit dans une approche quantitative et qualitative. Le questionnaire a été utilisé pour colliger l'information auprès des animatrices, et le guide d'entrevue semistructuré a servi pour les discussions avec les participantes. L'analyse univariée et l'analyse bivariée ont été utilisées pour les données quantitatives, et l'analyse de contenu pour les données qualitatives. Nous avons tenu compte du contexte socioculturel de l'étude pour comprendre les pratiques de groupe.
Les résultats indiquent que les pratiques de groupe se présentent comme une démarche d'intervention planifiée avec une utilisation marquée des groupes de développement personnel. Les animatrices occupent une position centrale dans les groupes. Il se dégage un portrait qui combine les pratiques de groupe reliées à la fois, aux pratiques de soutien social, d'éducation, de production économique et d'action sociale. Ces pratiques s'adressent en priorité aux femmes et visent à améliorer leurs conditions de vie.
La formation, la participation, la force du nombre et l'échange d'idées sont des expériences importantes pour les femmes. Les pratiques de groupe participent au développement personnel des femmes, de même qu'à leur développement économique et à celui de leur communauté, ce qui contribue à leur autonomie financière. Ceci leur permet de participer aux dépenses familiales, de supplanter progressivement l'homme dans son rôle de pourvoyeur, et partant, de modifier les rapports de pouvoir au sein de la famille et de la communauté.
Les conclusions de cette étude suggèrent que pour assurer la réussite des groupes de développement, la politique «Femmes et développement» et l'animation de groupe en particulier doivent intégrer les pratiques traditionnelles de soutien social.