À Dakar, cet immense marché à ciel ouvert, les femmes marginalisées par les politiques officielles de développement s'organisent pour prendre en charge les problèmes économiques, sociaux et environnementaux à travers les initiatives qui leur permettent de participer à la vie urbaine. Face aux défis urbains, les femmes investissent leur potentiel de créativité. Le risque d'entreprendre s'inscrit ici dans un contexte où la reconnaissance sociale et l'autonomie financière sont liées à des activités économiques rentables qui sont un facteur de développement durable.
À partir des stratégies qui mettent en lumière l'ethos du travail et de l'entreprise chez les femmes, cette étude souligne les dimensions où se déploie le dynamisme des dakaroises pour lesquelles la réussite économique exige l'audace, la persévérance, l'organisation, l'entraide, la gestion et l'attention aux problèmes de l'environnement. À cet égard, à travers leurs groupements d'intérêt économique, les femmes prennent des risques en effectuant des travaux tels que la gestion des eaux usées et des déchets solides. Les comités «Femmes et Assainissement» mis en place dans les quartiers défavorisés de Dakar sont aussi des lieux où se créent des petites unités de production comme le recyclage des déchets, la fabrication du compost et le maraîchage. Ces pratiques réinventent les traditions et réactualisent les logiques sociales de solidarité et d'entraide enracinées dans les cultures africaines qui ont développé une vision holiste des relations entre l'étre humain et son milieu de vie. Compte tenu de leur capacité de mobilisation des ressources et de création de micro-entreprises, ces femmes apparaissent comme des partenaires privilégiés des politiques de gestion participative de l'environnement urbain et du développement durable.