Ce mémoire porte sur les incidences que peuvent générer l'environnement et ses changements sur une communauté. Les modifications de l'environnement étant plus rapides et intenses avec les changements climatiques, ce contexte provoque des réponses de la part des communautés à ces bouleversements et met en évidence les processus sociaux. Les agriculteurs mossi du Plateau central au Burkina Faso sont particulièrement vulnérables aux conséquences des variations climatiques, puisque la base de leur économie dépend directement de l'exploitation des ressources naturelles.
Dans ce contexte, l'étude des agriculteurs mossi facilite la compréhension de leurs réactions face aux nouvelles incertitudes climatiques. Les connaissances et le savoir traditionnel influencent grandement les actions entreprises par les populations. La description de ces connaissances, consistant la somme d'une tradition et d'un contact constant avec l'extérieur, permet de saisir les impacts entraînés dans une communauté par l'introduction de nouvelles connaissances et de mieux saisir les retombées qu'elles entraînent. Cela permet aussi d'évaluer l'influence de la science sur les croyances.
Ce mémoire s'inscrit dans le cadre d'un projet d'appui aux capacités d'adaptation des pays sahéliens aux changements climatiques, partenariat entre l'ACDI et le CILSS. Cette recherche, qualitative et inductive, tire majoritairement son analyse d'entretiens semi-dirigés auprès des paysans mossi du Burkina Faso. Interdisciplinaire, ce travail intègre des approches et des méthodologies des sciences humaines -anthropologie, sociologie- et des sciences naturelles -agronomie, biologie, climatologie- dans le but d'obtenir une vision holistique de la réalité.
L'analyse des données a mis en évidence l'existence d'un fossé de langage entre les scientifiques et les populations locales au niveau de la définition du climat et du temps. De plus, le phénomène des changements climatiques étant abstrait pour les agriculteurs -ils n'y accordent qu'une importance relative-, il est d'une importance majeure pour les scientifiques. Cela vient du fait que les préoccupations des paysans sont subjectives, basées sur leur réalité et le court terme, tels la diminution de la fertilité des sols, les conflits avec les éleveurs et l'exode.
La difficulté de distinguer le savoir 'traditionnel' du savoir 'scientifique' a démontré qu'une communauté, ses connaissances et ses croyances, subissent des influences de toutes sortes. Cela rend la séparation du scientifique et du traditionnel pratiquement impossible. De plus, les connaissances ne sont pas homogènes entre les membres d'une communauté; ainsi, l'établissement de généralisations sur les connaissances climatiques est irréalisable. L'importance de ce savoir découle de son intégration dans les croyances et les coutumes et de son sens identitaire. Il est plus important de considérer et de comprendre le rôle du savoir dans la communauté pour mieux saisir la communauté en question.