La présente thèse s'inscrit dans le cadre de l'histoire du peuplement du Gabon. Elle met à jour la question de l'appartenance nationale au Gabon indépendant sur l'exemple de la communauté hausa d’Oyem. Elle repose sur l' analyse des récits de vie et des témoignages oraux, sur les entretiens et sur les sources écrites.
Les Hausa, qui sont distincts du groupe fang majoritaire par la profession (marchands) et par la religion (l'islam), sont arrivés à Oyem dans le contexte de l'expansion coloniale. Ils s'imposèrent comme intermédiaires entre la société coloniale et les populations fang. Cette position stratégique leur permit, non seulement de monopoliser une part importante des échanges en milieu indigène, mais également d'asseoir une ascendance socioéconomique certaine sur les Fang que le système colonial ne cessait de marginaliser. Avec l'accession du Gabon à l'indépendance nationale, l'emprise du groupe majoritaire sur l'État postcolonial se traduisit par la relégation des Hausa en position des citoyens de seconde zone. La mémoire collective fang les présente comme des étrangers, une population non gabonaise. Privés de légitimité nationale, les Hausa se servent de l'histoire pour revendiquer leur «gabonité».