L'Organisation des Nations Unies a fait l'objet de critiques sévères tout au long de son existence. La fin du clivage bipolaire a conduit à de nouveaux types de reproches alimentés par le décalage croissant entre les attentes des États et de la Communauté internationale et la capacité réelle de l'ONU à absorber le changement et répondre aux nouveaux défis de sécurité internationale. Cette crise d'efficacité et de légitimité a relancé le débat sur la réforme du Conseil de sécurité, organe exécutif de l'organisation. Cependant, malgré des progrès considérables dans ce domaine, la concrétisation d'un projet cohérent et conséquent reste incertaine faute d'un consensus général et de l'assentiment des membres permanents du Conseil. Notre recherche prend racine dans ce contexte. Elle illustre un intérêt pour la place occupée par les États membres dans les procédés par lesquels une organisation internationale se forme et se transforme. En empruntant la logique proposée par l'institutionnalisme historique, nous tentons de démontrer que le type d'influence - position positive ou négative - des États sur la réforme du Conseil de sécurité dans l'après-guerre froide est doublement déterminé par les intérêts nationaux et les normes internationales dont l'impact est filtré par le cadre institutionnel et conditionné par 62 ans d'histoire. Notre hypothèse indique donc que trois éléments clés interviennent dans le développement des politiques étatiques sur la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies: (1) le calcul stratégique ayant pour objectif la promotion des intérêts nationaux, (2) la considération explicite et/ou implicite de normes internationales et de ce qui constitue un comportement légitime, et (3) le contexte historique et des mécanismes temporels.