Depuis près de vingt ans déjà, l'enjeu des enfants soldats se situe au cœur des préoccupations en matière de respect des droits de la personne. Pourtant, encore aujourd'hui, environ 300 000 enfants demeurent intégrés au sein des forces et des groupes armés de par le monde. Parmi ces enfants se trouvent de nombreuses filles, lesquelles restent pour la plupart dans l'ombre.
L'intérêt de cette recherche réside dans l'analyse de la situation particulière des filles dans un contexte donné, soit celui de la République démocratique du Congo (RDC). Aux prises d'un conflit qui s'éternise, la RDC compte de nombreux enfants soldats, parmi lesquels on compte jusqu'à 40 % de filles. Or, alors qu'un programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) existe pour les enfants, seulement 15 % des filles y participent.
Ce travail de recherche tente de comprendre l'absence des filles par une analyse sexospécifique. Il est argué qu'en négligeant le caractère sexospécifique de l'expérience des filles associées au conflit, le programme de réinsertion ne répond pas aux besoins des filles, les empêchant ainsi de vivre une saine réintégration. Par l'application de concepts associés au genre, est observée la dynamique socioculturelle, politique et économique des filles et des femmes de la RDC dans laquelle s'inscrit le programme de réinsertion. Alors que l'analyse du programme réfute la prémisse de départ, l'absence des filles s'explique par un manque de conceptualisation de la problématique des filles associées au conflit. Il existe un clivage important entre le programme et sa capacité d'être pleinement réalisé dans le contexte socioculturel, politique et économique actuel. L'absence de réflexion à cet égard rend peu propice la saine réintégration des filles.