Au vingtième siècle, l’eau insalubre est la deuxième cause de mortalité infantile. Ainsi, l’eau souillée tue 5 fois plus d’enfants que le sida/VIH. À long terme, cette situation crée un cercle vicieux qui tend à condamner les pauvres à rester pauvres. En effet, les conséquences de l’état nutritionnel et du manque d’eau d’une population risquent de se répercuter d’une génération à l’autre et cela peut limiter l’aptitude à bénéficier d’autres services sociaux, comme l’éducation.
Cette étude se concentrera davantage sur les enjeux de l’accès à l’eau potable dans les villes africaines. Le milieu urbain, par sa densité de population et donc son marché de consommation potentiel, devrait en effet favoriser la rentabilité des investissements et l’extension des réseaux d’eau. Des projets d’amélioration de l’accès à l’eau et de sensibilisation sont certes mis en place mais les résultats restent mitigés. Parallèlement, les populations dans les villes ne cessent de croître et la problématique devient criante. De plus, les bidonvilles et quartiers non lotis, réalité incontournable des villes africaines, sont souvent complètement occultés dans les politiques pour desservir le territoire. Nous nous interrogerons donc à savoir si les modèles d’accès à l’eau potable sont de simples copies du modèle occidental (basées sur une logique d’accès individuel à l’eau en lien direct avec la possession d’un titre foncier) ou s’il y a émergence de modèle centrés sur les réalités sociales, économiques et politiques propres aux villes africaines. En résumé, c’est donc la question de la rencontre de l’offre et des solutions techniques, avec la demande et les besoins des usagers qui est en jeu. L’analyse sera d’abord macroéconomique avant de se pencher plus particulièrement sur le cas de la ville d’Ouagadougou qui a fait l’objet d’une étude terrain.