L’Égypte semble effectuer un retour au religieux condamnant ainsi la laïcisation enclenchée par Mohammed Ali et poursuivie par ses successeurs jusqu'à Gama! Abdel Na sser. En effet, depuis les années 1970, on observe une résurgence des groupes islamistes et une réislamisation de la société eL de l'État égyptien. Ce retour au religieux est analysé par certains auteurs comme la conséquence naturelle du caractère fondamentaliste de l'islam. Selon ces auteurs, l’islam possède cette particularité de lier étroitement et structurellement problèmes théologiques et problèmes politiques. Le présent mémoire s'efforce d'éviter d'essentialiser l'islam et tente de comprendre les causes sociopolitiques de la réislamisation de l'État égyptien. Plus concrètement, il analyse les motifs politiques qui ont poussé le président Sadate à introduire la Charia comme source de la législation d'abord en 1971, puis comme source principale de la législation en 1980.
Ce mémoire émet l'hypothèse selon laquelle la perte de repères identitaires, l'échec du nationalisme arabe, l'accentuation des inégalités générées par la libéralisation économique et le contexte international sont des facteurs ayant contribué à la diffusion de l'islam politique en Égypte. La montée des groupes se réclamant de l'islamisme est venue remettre en cause la légitimité du régime. C'est pour « neutraliser » ce contre-pouvoir que l 'État est entré dans le jeu des islamistes et a entrepris de légitimer son pouvoir par la religion. Ainsi, le caractère laïc de l'État égyptien fait désormais partie des reliques du passé. L'analyse des répercussions de l'introduction de la Charia dans la Constitution sur la laïcisation de l'État égyptien nous montre que la séparation du pouvoir politique et religieux, la neutralité de l 'État vis-à-vis des différentes confessions et la liberté de conscience et de religion et l'égalité de traitement des citoyens ne sont pas respectées.