GIERSA, Groupe interuniversitaire d’études et de recherches sur les sociétés africaines

Groupe interuniversitaire d’études et de recherches sur les sociétés africaines

PARTENAIRES

Université Laval Université de Montréal Université du Québec à Montréal

Le GIERSA bénéficie du programme « Soutien aux équipes de recherche » du
Fonds de recherche Société et culture, gourvernement du Québec

Programmation 2014-2018

Les sociétés africaines en mutation : renouvellement des logiques internes dans un contexte international changeant (programmation 2014-2018)

 

Les sociétés africaines ont connu au cours des dernières décennies des transformations considérables qui ne sont d’ailleurs pas étrangères aux crises, largement médiatisées, qui ont traversé plusieurs pays de ce continent. Les travaux et les interventions des membres de notre équipe visaient notamment à remettre en question l’image réductrice d’un continent déchiré et en proie aux pires catastrophes. S’intéressant principalement à la jeunesse africaine et aux effets des rapports intergénérationnels sur les dynamiques politiques et sociales, les contributions des membres du GIERSA (chercheurs, collaborateurs, post-doctorants et étudiants) ont permis de démontrer qu’au-delà du portrait d’une « génération sacrifiée », les jeunes sont porteurs de nouveaux rôles et de nouvelles valeurs, favorisant ainsi l’émergence de nouvelles formes de légitimité et de solidarité et de nouveaux espaces d’expression individuelle et collective (Calvès et Adjamagbo, 2012; Marcoux, 2012a; Gomez-Perez et LeBlanc, 2012). Cette situation, en retour, conduit à une reconfiguration des rapports intergénérationnels, tant dans la sphère familiale que dans les sphères politique, économique et culturelle.

Dans un contexte de forte croissance démographique et d’augmentation des inégalités, le continent africain est par ailleurs aujourd’hui le théâtre d’une vive concurrence internationale, notamment pour ses ressources (Marcoux et Konaté, 2011). Dans cette concurrence, les pays émergents apparaissent comme des nouveaux partenaires en matière de développement et, loin de se cantonner simplement à la sphère interne, les questions générationnelles (via les vagues de migrants, les élites politiques anciennes/nouvelles, etc.) influencent également la dynamique de ces nouveaux partenariats (Gazibo et Alexeeva 2013). Nos travaux de terrain et les différentes collaborations scientifiques des membres de notre équipe révèlent par ailleurs l’importance qu’a prise l’explosion des réseaux de communication (télévision, téléphonie, web, etc.) (White, 2012), notamment dans le renforcement des organisations de la société civile (Moumouni, 2013). Ces réseaux viennent non seulement façonner les modes de consommation et ébranler les valeurs des populations africaines mais ils permettent, mieux qu’avant, de maintenir les contacts et les liens de réciprocité entre les différentes diasporas et les sociétés d’origine de migrants. On voit ainsi apparaître des formes sociales fortement hybrides, s’inscrivant tant dans la tradition que dans la modernité (Calvès et Marcoux, 2008). Ces mutations que connaissent les sociétés africaines conduisent au renouvellement des logiques internes et s’expriment à différentes échelles (internationale, régionale, nationale, locale et familiale).

Sur la base de ces résultats, le GIERSA propose une programmation de recherche autour du thème général «Les sociétés africaines en mutation : renouvellement des logiques internes dans un contexte international changeant». Cette thématique sera examinée non seulement par les regards interdisciplinaires qui sont au centre de la démarche de notre équipe, mais en privilégiant également l’intégration de trois échelles d’analyses : 1) une échelle macro en lien avec les politiques publiques (États, régions (CEDEAO, UEMOA, etc.) et les rapports inter et transnationaux); 2) une échelle communautaire et/ou locale (village, quartier, mouvement associatif, groupes d’initiés, tontines,  etc.); et enfin 3) une échelle micro (famille nucléaire et/ou élargie, ménage, couple, individu). En lien avec ces trois niveaux d’analyse, nos trois nouveaux axes de recherche permettent d’articuler une programmation reposant sur les acquis des six dernières années tout en permettant de rendre compte de la nouvelle configuration de l’équipe: 1) État, gouvernance et légitimité; 2) Nouveaux médias, langue et mobilisations sociales; 3) Nouvelles dynamiques familiales et stratégies individuelles.

Enfin, précisons que ces trois axes, présentés brièvement ici, permettront d’arrimer les diverses activités prévues dans le cadre de notre programmation de recherche. Nous comptons par exemple maintenir les animations scientifiques en sol québécois (colloque annuel lors de l’ACFAS en y intégrant davantage nos étudiants; École d’été du GIERSA, accueil de chercheurs et de stagiaires postdoctoraux, etc.), mais aussi, assurer une présence plus active de nos activités et de nos étudiants dans les réseaux scientifiques en sol africain et ce, à travers le lancement d’un cycle annuel d’Ateliers-colloques d’hiver du GIERSA que nous présentons plus loin. Soulignons que notre programmation scientifique s’appuyant sur ces trois axes spécifiques permettra de regrouper nos projets de recherche actuels et futurs.

 

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AXE 1   État, gouvernance et légitimité

AXE 2   Nouveaux médias, langue et mobilisations sociales

AXE 3.  Nouvelles dynamiques familiales et stratégies individuelles

Références

AXE 1 État, gouvernance et légitimité

Les deux dernières décennies ont produit en Afrique les bouleversements les plus importants depuis les indépendances des années 1960, en particulier sur la question de la légitimité de l’État, de ses institutions et de ses gouvernants. Ces derniers sont pris entre deux types de dynamiques – l’une interne, l’autre internationale – qui les forcent à se redéfinir en raison de la place nouvelle qu’ils donnent aux citoyens. En effet, d’une part, la décennie 1990 a été caractérisée par une vague sans précédent de mouvements de contestations populaires demandant la démocratisation des régimes militaires et de parti unique qui s’étaient généralisés sur le continent. Cette bourrasque a complètement changé le paysage politique et institutionnel en Afrique : alors que seulement quatre des 54 pays (Botswana, Sénégal, Maurice et la Gambie) autorisaient le pluralisme avant 1990, seuls deux (Swaziland et Érythrée) n’autorisent toujours pas le multipartisme aujourd’hui. Depuis lors, on peut parler de l’émergence d’un véritable espace public, au sens d’espace investi par des citoyens qui contestent à l’État le monopole sur la politique (Habermas,  1978 et 1997).

D’autre part, la décennie 2000 a été celle de la rupture dans l’architecture des relations internationales traditionnelles de l’Afrique, au point qu’il est possible de parler de révolution dans les affaires internationales (Gazibo 2008), dans un contexte de sécurisation progressive des investissements directs étrangers (Moumouni et Hounkponou, 2011). Ce changement a eu pour moteur initial, l’ampleur sans précédent prise par les relations entre la Chine et l’Afrique et leur institutionnalisation (Alden 2007; Gazibo et Mbabia, 2012). Par exemple, alors que les échanges sino-africains étaient de l’ordre de 10 milliards de dollars à la fin des années 1990, ils ont atteint la somme record de 200 milliards de dollars en 2012. A cette présence accrue de la Chine, il faut ajouter l’arrivée d’autres pays émergents comme l’Inde, le Brésil, la Turquie ou encore la Corée du Sud et même de nouveaux partenaires occidentaux comme le Québec dont les relations commerciales avec l'Afrique ont affiché, toutes proportions gardées, une croissance remarquable entre 2008 et 2012 : 510% avec le Burkina Faso, 182% avec le Nigeria et 8000% avec le Rwanda (Normand, 2013).

Cette croissance exponentielle des échanges entre la Chine et ces nouveaux pays émergents et partenaires n’a pas toujours été une décision des États puisque les réseaux marchands par exemple l’avaient déjà largement anticipée, bien avant son institutionnalisation progressive à travers des instances communes de coopération comme le forum de coopération Chine-Afrique (FOCAC) ou le sommet de coopération Turquie-Afrique (Tidjani Alou 2011, Gazibo et Alexeeva 2013)..

Ces deux dynamiques (l’interne résultant des pressions populaires et l’externe fruit de la transformation des relations internationales) ne sont pas disjointes. Au contraire, elles se conjuguent pour poser, au-delà de la simple question économique et sous un angle nouveau, plusieurs problématiques essentielles. Il y a d’abord la problématique de l’évolution de l’État africain, de son autonomisation par rapport aux pesanteurs traditionnelles et de sa capacité à jouer avec la nouvelle donne internationale. Il est clair en effet que, devenue une zone de compétition entre puissances (on parle de « nouvelle ruée vers l’Afrique » en référence de la ruée du 19ème siècle à la veille de la colonisation, voir Gazibo et Mbabia 2010), les États Africains vivent cette situation autant comme contrainte que comme opportunité et s’y appuieront selon des trajectoires différentes pour atteindre des objectifs tout autant divers (Kragelund, 2013): certains useront de cette fenêtre pour faire le développement afin de mieux se légitimer aux yeux de leur population (c’est la voie que semblent vouloir prendre des pays comme la Tanzanie, le Niger, le Sénégal, la Namibie, le Ghana, le Rwanda) ; alors que d’autres utiliseront l’Orient comme ressource pour échapper aux pressions occidentales en faveur de la démocratie et de la légitimité par les urnes (Zimbabwe, Angola, Soudan…).

Ces facteurs se conjuguent ensuite pour poser la question de la gouvernance dans un contexte où la société civile, plus diversifiée, plus jeune, revendique sa place, demande des comptes et s’engage pour un rééquilibrage de ses rapports avec les gouvernants (Moumouni 2013; Chazan et al. 1989) dont la légitimité est de plus en plus questionnée. Ces questions se posent avec acuité, comme les révoltes arabes l’ont encore récemment démontré.

Le présent axe s'attèlera à dégager plusieurs trajectoires étatiques, de gouvernance et de légitimation (méthode explorée par Tilly, 1984; Gazibo et Jenson 2004) tout en mettant au jour quelques variables clé pouvant éventuellement orienter les politiques publiques africaines en matière d'affaires internationales.

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AXE 2 Nouveaux médias, langue et mobilisations sociales

Les technologies de l'information et de la communication (TIC) en Afrique sub-saharienne donnent accès à une quantité d’informations sans précédent, mais introduisent aussi de nouvelles façons d’agir et d’interagir. L’apparente synergie entre ces nouvelles technologies (téléphones mobiles, internet haute vitesse, médias sociaux) et les vagues récentes de démocratisation sur le continent africain peuvent donner l’impression que la technologie agit comme moteur des transformations politiques et sociales (Ollivier, 2012; Azouma, 2008). Cependant, pour bien saisir l’ampleur de ces transformations, nous avons besoin de mieux comprendre 1) la mobilisation sociale que l’accès à des nouvelles technologies permet et  2) les dynamiques de communication qui sous-tendent son appropriation dans un contexte de nouvelle gouvernance (voir axe 1).

Plusieurs chercheurs ont constaté « la perte de poids » des médias traditionnels—radio, télévision et journaux — dans la communication publique des sociétés occidentales (Bernier et al. 2006 et 2005). Un tel constat doit être nuancé en Afrique subsaharienne, surtout dans un contexte de privatisation rapide et de démonopolisation des infrastructures médiatiques, auparavant sous le contrôle de l’État. La montée spectaculaire des nouveaux réseaux de télécommunications dans la région et une explosion dans l’offre de services Internet créent de nouvelles possibilités pour la diffusion et surtout pour la production de contenu médiatique. Sans avoir réglé le problème de la fracture numérique (Mouly, 2013), les nouvelles technologies de la communication deviennent un véritable levier pour la mobilisation sociale (Pungi 2004, Ukaga, Moumouni et al., 2010; Ukaga et Moumouni, 2013), souvent à travers le dispositif de la culture populaire (White 2012). 

Par « culture populaire » nous faisons référence aux différentes manifestations de la culture qui circulent avec autant de facilité à travers les nouveaux médias, que ce soit la musique, le théâtre, la danse, la peinture, etc. (Fabian, 1996; Barber, 1987). Dans les pays d’Afrique francophone, qui représentent les terrains d’études des chercheurs du GIERSA,  l’expression de ces manifestations représente également un excellent révélateur des dynamiques linguistiques fort variées qui émergent. La langue française, bien présente dans les espaces officiels, dans la presse écrite et dans l’enseignement, occupe toutefois une place souvent marginale à la radio, dans les espaces privés et dans les échanges quotidiens (Marcoux, 2012b). Il nous apparaît donc important d’étudier les différentes variétés d’expressions langagières parfois assez originales et dont la maîtrise peut conditionner les processus d’insertion sociale (Kouamé 2012; Nzessé, 2012), notamment ceux que l’on se propose d’examiner à l’axe 3. L’accès aux TIC modifie également le rapport à la langue et complexifie les interactions sociales, surtout dans un contexte d’urbanisation rapide, créant autant des tensions que des nouvelles formes de sociabilité. Plus particulièrement, il sera intéressant d’étudier les différentes formes de mobilisation sociales récentes autour des enjeux politiques en Afrique de l'Ouest francophone en particulier des mouvements « Y’en a Marre » au Sénégal et « Mercredi rouge » au Bénin (Dime, 2012).

Dans le cadre de ce deuxième axe, nous proposons des réflexions sur trois aspects des dynamiques sociales qu'induisent les TIC en Afrique : la connectivité, la narrativité et la sociabilité. La connectivité fait référence aux infrastructures et aux dispositifs des nouvelles technologies qui permettent des liens non seulement entre les différents réseaux ou flux d’information (Larkin, 2008), mais aussi entre les différents acteurs de la société civile (Moumouni, 2013). Afin de comprendre les significations du contenu véhiculé par ces technologies, nous utilisons la notion de narrativité pour expliquer les procédés langagiers, esthétiques et discursifs (Fabian, 1996; Haynes, 2007) pour interpeler différentes catégories de publics (Volosinov 1973; White, 2012). La réflexion sur la sociabilité permettra de mettre en lumière les nouvelles formes d’appartenance, de vivre ensemble et de faire ensemble, mais aussi d’analyser la remise en question des institutions publiques par le biais des valeurs et normes qui sont véhiculées à travers ces nouvelles infrastructures de communication.

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AXE 3. Nouvelles dynamiques familiales et stratégies individuelles

La famille est assurément l’institution microsociale qui a connu les transformations les plus importantes au cours des dernières décennies sur le continent africain (Pilon et Vignikin, 2006). Les bouleversements considérables à l’œuvre dans les familles ne se répercutent toutefois pas toujours sur les indicateurs démographiques classiques (Marcoux et al. 2010; Calvès, et al., 2011). Ceci semble avoir conduit de nombreux observateurs à croire faussement à un immobilisme des structures de reproduction familiale en Afrique subsaharienne et à une impossible émergence d’un quelconque processus d’individualisation. Cette lecture vient souvent appuyer les idées reçues concernant ce continent qui serait frappé par une incapacité de changer le cours des choses pour s’ouvrir à la modernité (Bâ Konaré, 2008; Calvès et Marcoux, 2008).

Pourtant, si les logiques politiques et les mobilisations sociales en Afrique se redéfinissent dans des contextes internationaux et nationaux en pleine transformation, la recherche récente met aussi en exergue l’émergence de nouvelles dynamiques dans les compositions et recompositions familiales et les trajectoires et stratégies individuelles. Les travaux que nous mènerons sous cet axe permettront de dégager les contours de ces bouleversements. Ils détermineront entre autres dans quelles mesures les transformations observées sont liées au nouveau contexte de gouvernance de l'État (axe 1) ou aux nouveaux modes d'expression induits par les TIC (axe 2).

L’exemple de la formation des unions illustre bien les transformations en cours. Bien que le mariage demeure universel et très valorisé dans l’ensemble des pays africains et l’entrée en union se fait toujours à des âges relativement bas, on observe un net recul de l’âge au mariage dans les villes, où la sexualité préconjugale se développe et de nouvelles formes de conjugalité émergent (Calvès, et al., 2007; Antoine et Marcoux, 2013). Si les relations qu’entretiennent les célibataires s’inscrivent dans des logiques diverses, elles constituent souvent un moyen de trouver « l’âme sœur » pour des jeunes qui veulent de plus en plus se marier avec un partenaire de leur choix (Attané, 2007; Hertrich, 2008; Calvès et N’bouké, 2013). On assiste à une individualisation du processus de mise en union et les jeunes citadins, plus scolarisés, choisissent leur futur époux et n’hésitent pas à contourner les normes matrimoniales ou à les instrumentaliser pour imposer ce choix à leur famille (Calvès et Thiombiano, 2013).  Bref, sur les marchés matrimoniaux africains, les acteurs et actrices développent des stratégies qui se bricolent entre individualisme et communautarisme, puisant dans la continuité des règles dites traditionnelles tout en étant influencé par de nouveaux modèles de réussite individuelle, conjugale et familiale que véhiculent notamment l’école, les médias et les réformes législatives (code de la famille, protection de l'intégrité physique de la femme, etc.).

Par ailleurs, dans un contexte de précarité économique, le bien-être des enfants doit se conjuguer avec les besoins en main-d’œuvre familiale nécessaires pour assurer la survie des familles (Kobiané, 2009; Marcoux et al. 2006; Cosio et al. 2003). Si les taux bruts de scolarisation continuent d’augmenter sur le continent, le maintien à l’école est encore problématique, notamment dans les milieux où l’institution scolaire est en contradiction avec les mécanismes de socialisation conduisant les enfants vers l’âge adulte (Kobiané et Marcoux, 2012). La privatisation accrue du système scolaire depuis les années 90 contribue aussi à une diversification des stratégies scolaires des familles et à l’accroissement des inégalités scolaires et économiques selon l’origine sociale (Calvès, et al., 2012). Dans un contexte de renchérissement du coût de la vie et de précarisation de l’emploi masculin, une nouvelle division sexuelle des tâches se dessine au sein des familles. Les femmes multiplient les activités « de survie » dans le secteur informel de l’économie et contribuent de façon croissante aux revenus des ménages (Locoh; 1996; Adjamagbo et al., 2004). Cette féminisation du marché de l’emploi, conjuguée à de nouvelles aspirations féminines, bouleverse les rapports de pouvoir au sein des ménages et des couples. Là où une certaine littérature nous a plutôt habitués à ne voir que vulnérabilité et passivité, on voit émerger ainsi, des trajectoires originales, parfois partielles et marginales, d’émancipation féminine (Adjamagbo et Calvès, 2012).

Enfin, en examinant les logiques internes aux ménages et les stratégies propres aux individus, il nous sera possible de mieux saisir les valeurs dites natalistes associées aux sociétés africaines (Marcoux, 2012b). Le concept de « dividende démographique », qui réfère aux opportunités de développement socioéconomique consécutif à la baisse de fécondité en cours en Afrique, est au cœur des interventions des agences internationales (Marcoux et Konaté, 2011; Issaka et Ali, 2005). Les contextes dans lesquels les naissances ont lieu ont toutefois changé (Calvès et al., 2007) et on retrouve une variété de tendances en matière de fécondité. S’appuyant sur les données qualitatives et quantitatives collectées par les membres de l’équipe et sur des approches méthodologiques de reconstitution des régimes démographiques (Marcoux, 2009), nous tenterons également de distinguer les sous-groupes qui semblent porteurs de ces changements (N’bouké et al., 2013; Kobiané et Marcoux, 2012).

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